Mai-juin 2016 : Inondations massives dans le Loiret
Le département est doté d’un réseau hydrographique très dense avec 3 500 km de cours d’eau, canaux, et fleuve. Le risque d’inondation est par conséquent présent à beaucoup d’endroits. Le mois de mai 2016 est le mois le plus pluvieux de toute l’histoire des relevés météo du Loiret : il est tombé 120 mm d’eau en 72 heures du dimanche 29 au lundi 30 mai, soit 3 mois de pluie en 3 jours sur des sols déjà saturés d’eau (le record se situe à Saint-Cyr-en-Val avec 150 mm).
Le lundi 30 mai, le Loiret est placé en vigilance orange « pluie-inondation » et la gestion de crise est déclenchée au niveau départemental. Près de 400 sorties de pompiers sont dénombrées ce 30 mai et le centre pénitentiaire de Saran est partiellement évacué.
Le 30 mai, le niveau de vigilance rouge « crue » est déclenché dans l’est du département et particulièrement pour le Loing et l’Ouanne dans le Montargois, qui voient leur débit dépasser des valeurs record, dépassant la crue centennale de 1910.
Commune |
Secteur |
Date du pic de crue |
Heure |
Cote crue 2016 (en m) |
Cote crue 1910 (en m) |
Montargis |
Loing-amont |
1er juin 2016 |
0:00 |
3,36 |
3,16 |
Château-Renard |
Ouanne |
31 mai 2016 |
18:00 |
2,25 |
2,15 |
Châlette-sur-Loing |
Loing-aval |
1er juin 2016 |
4:00 |
3,44 |
2,73 |
Cotes maximales du Loing et de l’Ouanne lors des crues de mai-juin 2016
Les communes les plus touchées sont celles subissant un débordement fluvial, comme Fay-aux-Loges par le Cens, ou les communes du Montargois : l’eau du Loing atteint jusqu’à 3,36 m à Montargis le 1er juin 2016.
Une brèche survient dans le canal de Briare entre Montbouy et Montcresson, provoquant un déversement vers le Loing. L’arrivée d’eau massive, renforcée par la rivière de l’Ouanne, se fait au niveau de la confluence des 3 canaux à Buges et inonde ensuite Montargis.
L’eau remonte dans le canal d’Orléans et dans la rivière du Cens, ce qui provoque en partie l’inondation des communes situées à proximité de ce cours d’eau (Fay-aux-Loges, Mardié, Chécy…).
Du côté de la Sologne, la Sauldre et le Cosson débordent également (inondations à la Ferté-Saint-Aubin). Mais c’est le secteur de Fay-aux-loges, Tigy, Donnery et Boigny-sur-Bionne qui est le plus touché dans la partie ouest du département. Saint-Cyr-en-Val est également fortement sinistré. Certaines communes se voient même en situation de restriction d’eau puisque les inondations atteignent certains captages d’eau, présentant un risque de contamination bactériologique.
Un phénomène karstique se manifeste durant ces inondations : ce sont des zones de calcaires fissurées avec des gouffres de 10 à 15 mètres de diamètre qui stockent l’eau. Les réservoirs se remplissent lors des pluies, et quand l'ensemble est saturé, une nouvelle pluie fait déborder tout le système et l’eau ruisselle très rapidement vers les points bas. C’est ce phénomène qui a provoqué les inondations de la trémie de la tangentielle.
Le 31 mai, 500 automobilistes se retrouvent bloqués sur l’A10 au nord d’Orléans. C’est la Retrève, une rivière souterraine, qui inonde l’autoroute en reprenant son lit aérien, qu’elle n’avait plus occupé depuis 1970. Les experts du BRGM et de la DREAL ont mis plus de 3 jours à comprendre le phénomène d’écoulement particulier.
La Loire, en revanche, reste relativement calme pendant ces intempéries, mais sa montée inonde l’échangeur à Bonny-sur-Loire et contribue à retarder la décrue de la Cheuille.
La décrue s’amorce à partir du 2 juin, mais le département reste paralysé (routes, réseau SNCF, électricité, écoles fermées…). Le lendemain, une femme de 65 ans est retrouvée noyée dans sa maison à Montargis. Elle restera la seule victime de ces inondations dans le Loiret. Le retour à la normale est retrouvé le lundi 6 juin, mais l’A10 reste bloquée pendant encore plusieurs jours.
Après la décrue, une centaine d’affaissements et d’effondrements de terrain sont recensés dans le département. Des cavités souterraines, très nombreuses dans le Loiret voient leur plafond s’affaisser suite à l’infiltration de l’eau dans le sol comme à Gidy, où certains fontis atteignent 10 mètres de diamètre et 8 mètres de profondeur.
Au total, environ 10 000 foyers auront été privés d’électricité et un tiers des routes du département coupées au plus fort des intempéries. 278 communes sur les 327 du département ont été sinistrées par les inondations et déclarées en situation de « catastrophe naturelle ».
Le SDIS dénombre 4 500 interventions pendant cet épisode, surtout pour des opérations d’évacuation (notamment des établissements de santé) et de pompage.
Le montant total des dégâts (biens assurés) est estimé à environ 1,4 milliards d’euros dans le Loiret, ce qui fait de cet événement la 2e catastrophe naturelle la plus coûteuse derrière la tempête Xynthia en 2010.
Sources :